Laisser le temps à la guérison

On me demande régulièrement s’il est possible d’enchaîner rapidement les séances pour obtenir des résultats plus vite. Malheureusement, l’organisme fonctionne à son propre rythme, et il important de le respecter. En effet, vouloir « brusquer » le processus de guérison apportera plus fréquemment un rallongement de la durée de convalescence plutôt qu’une accélération.

Les processus physiologiques ont besoin d’un certain temps pour se mettre en place. La phase aigüe de l’inflammation, par exemple, dure normalement trois jours. C’est le temps nécessaire aux cellules immunitaires pour éliminer les débris organiques et les éventuels agents pathogènes. Il est possible de moduler l’intensité de la réaction, par exemple avec des anti-inflammatoires, mais sa durée n’en sera que rallongée ; les neutrophiles devront faire leur travail dans tous les cas, il leur faudra juste davantage de temps.

Il en va de même pour tous les processus de notre organisme, que ce soit au niveau physique ou mental (les différentes phases du deuil en sont un bon exemple).

La vitesse constitue d’ailleurs l’un des éléments générateurs de rétention. Trop souvent, on ne veut pas – ou les circonstances font que l’on ne peut pas – laisser à notre organismer le temps de gérer un stimulus. On veut toujours aller vite, parce que nous sommes trop accaparés par les activités de la vie quotidienne, et qu’il est mal considéré dans nos sociétés occidentales de prendre du temps pour soi ou, pire, de ne « rien faire ».

Or, notre organisme n’est jamais inactif. Il oeuvre en permanence, mettant des ressources considérables en action pour essayer d’assurer un fonctionnement optimal. Mais comme nous n’en avons souvent pas conscience, nous le chargeons toujours davantage. Et arrive ce qui doit arriver : les systèmes finissent par être incapables d’assurer leur tâche, et le manifestent par une douleur importante, voire en cessant de fonctionner.

Le processus de récupération est alors d’autant plus long. Des arrêts d’activité de plusieurs semaines, ou même des opérations, sont à ce stade nécessaires pour réparer ce qui aurait été l’affaire de quelques jours si une prise en charge appropriée avait été effectuée dès les premiers signes.

Il est donc fondamental, non seulement de laisser notre organisme blessé récupérer à son rythme, mais également de ne pas négliger les signaux d’alerte de notre organisme. Les soignants accompagnent ces processus et les facilitent en ôtant les obstacles à leur mise en application. Plutôt que d’accélérer la guérison, ils font en sorte qu’elle puisse se mettre en place et oeuvrer dans les meilleurs conditions possibles.